Généalogie HUBERT

Généalogies

Auteur: Fabien FISCHER
Courriel: fabesf[a]yahoo.fr

Johannes SCHWEBEL (1499-1566)

Johannes SCHWEBEL est né en 1499 à Bischoffingen, près de Brisach. Il suit ses premiers cours de grammaire chez M.Valentin WICKRAM à Brisach, s'inscrit à l'Université de Fribourg-en-Brisgau le 3 mai 1521 ("Johannes Schweblinus de Bischoffingen dioc. Const."), puis devient moine cistercien (et professeur) à l'abbaye cistercienne de Tennenbach près d'Emmendingen. Le 29 septembre 1524 (St-Michel), il est engagé comme professeur à l'école latine privée du D.Lucas HACKFURT (BATHODIUS), assistant ce dernier, qui organise dès 1523 l'assistance publique. Johann SCHWEBEL est chargé de l'enseignement ainsi que de la pédagogie pour les gens pauvres. En 1525, lors de la Révolte des Paysans, il vint enseigner la littérature comme assistant du D.Othon BRUNFELS, dans la seconde école latine, au couvent des Carmes. Othon BRUNFELS, qui s'était beaucoup occupé des questions pédagogiques, fit publier en mars 1525 un recueil de préceptes à l'usage des élèves, qui montre qu'il s'attachait autant à l'éducation des enfants qu'à leur instruction. Ce traité intitulé "Paraenesis de disciplina et institutione puerorum" fut publié et préfacé (dans les deux versions latine et allemande) par le savant SCHWEBEL, la même année. Schwebel entreprit également la traduction de l'ouvrage en langue allemande, ce qu'il fit réaliser par le notaire Fridolin MEYGER. Johannes SCHWEBEL se maria en décembre 1526 avec Mergen BONER, fille de Ruprecht BONER de Strasbourg et obtint grâce à son union le droit de bourgeoisie à Strasbourg le 17 janvier 1527, dans la corporation des jardiniers à laquelle appartenaient les BONER...

Selon son autobiographie ("Jo. Suebelii vita ab ipso conscripta". Leges Gymnasii, Archives de Saint-Thomas), Johannes SCHWEBEL quitta Strasbourg suite au décès de sa première épouse le 31 juillet 1527 (et non comme certains le pensent, en raison de ses penchants pour l'anabaptisme). Il alla alors à Brisach et travailla en 1528, à Bâle, comme correcteur chez les imprimeurs Andreas Cratander et Johannes Herwagen.

Début 1529, il put rejoindre Strasbourg et servit comme précepteur dans la famille noble des Bapst d'Ichtratzheim, pendant 3 ans. Il se remaria le 29 septembre 1531 à Strasbourg avec Apollonia et fut à partir de la fin de cette année-là l'auxiliaire de Jean SAPIDUS, qui avait repris l'école de BATHODIUS chez les Dominicains, déjà évoquée. Ce même couvent des Dominicains abritait également le collège des prédicateurs, un internat en fonction depuis mars 1534, et où enseignèrent les célèbres réformateurs Martin BUCER, Wolfgang CAPITO et Caspar HEDIO. Johannes SCHWEBEL resta à ce poste jusqu'au 13 août 1536 quand il devint directeur à l'école latine de St-Pierre-le-Vieux (une troisième école créée en 1535), assisté d'un certain Henri ZELL, futur cartographe et collaborateur de Nicolas COPERNIC. L'école de Schwebel comptait en 1537, 45 élèves et 13 commensaux.

Nous avons à disposition un rapport très intéressant de la main du directeur Schwebel qui nous permet d'obtenir une image précise du fonctionnement d'une école latine à cette époque, en 1537, dont voici une traduction depuis le latin ("Institutio Scholae ad Petrum Seniorem cui praeest Schwebelius", 1537, Archives de Saint-Thomas, AMS) :


Les leçons commencent l'été à 5h30 et en hiver avant 7h. Tout d'abord, une partie du Nouveau Testament est lue et expliquée en latin et en allemand.

À 6 heures (en hiver à 7 heures), un chant est convenu: "Veni, sancte Spiritus" ou "Veni, Creator"; après quoi la Prière du Seigneur a lieu, et vers 6h15, commencent les leçons, en été.

Les élèves sont divisés en deux classes latines et un département inférieur pour les débutants ("alphabetarii"); mais il n'y a que deux enseignants, Schwebel et Zell; les débutants sont enseignés par l'un ou l'autre, tandis que les latinistes sont combinés. Parfois ils sont aussi confiés au surveillant ou à d'autres élèves plus âgés.

Les leçons, qui ont débuté après 6h, durent jusqu'à 7 heures. Ensuite, le châtiment des élèves indiqués par les censeurs est effectué. Schwebel ne dit pas quelles étaient les peines; mais les représentations de cette époque, dont certaines représentent une école, nous montrent toujours un professeur au bureau, armé d'un bâton. Vers 7h30, certains rentrent chez eux pour le petit-déjeuner, les autres ont apporté leur nourriture et la consomment dans la salle; les plus zélés recopient des versets latins. À partir de 8 heures, la leçon se poursuit jusqu'à environ 10 heures. C'est alors que l'enseignement de la foi a lieu. De 10h à 12h, les étudiants rentrent chez eux pour déjeuner.

De midi à 14h, il est à nouveau enseigné avec diligence. Puis suit une pause de 14 à 15h. De 15h à 16h l'enseignement a de nouveau lieu. Après 16 heures, deux ou trois psaumes sont chantés puis les étudiants sont invités à disposer.

Le travail des enseignants et des élèves dure donc de six heures à seize heures, avec environ 3 heures d'interruption, et cela tous les jours. Il y a une exception le jeudi : pas de prière ni de chant; il sera enseigné immédiatement après l'arrivée des étudiants. À 6 heures, les cloches de l'église sonnent et toute l'école est conduite au sermon. Après le culte on revient à l'école : les élèves légers et désobéissants reçoivent les peines infligées, puis l'enseignement reprend jusqu'à 10h. Le jeudi après-midi est libre; samedi, la leçon s'arrête à 13h. Le nombre total d'heures de leçons est de 38 à 40 par semaine. Même le dimanche, les enfants doivent se rassembler dans la salle de l'école. Déjà par le passé, on a déploré que les enseignants ne conduisent plus leurs élèves à l'église. Le zélé Schwebel ne manque pas de recommander à ses élèves "Erasmi Paraclesis ad christianam philosophiam"; puis suite à l'appel des cloches, toute l'école va au sermon. Même le dimanche après-midi, le professeur va avec ses élèves à l'église, mais il ajoute: "aussi souvent que je trouve le temps".

Même dans la classe la plus basse, on s'exerce au vocabulaire latin avec la traduction allemande, en écrivant de courtes phrases sur le tableau mural.

Dans la classe moyenne, la grammaire est répétée selon Donat; les "Distiques de Caton", les plus petits "Colloques d'Erasme" sont expliqués et mémorisés.

Dans la classe supérieure, la grammaire latine se répète et se poursuit, la syntaxe, les règles de la prosodie. Les auteurs sont Virgile ("Les Bucoliques"), Erasme (Similia), Salluste. Les thématiques sont utilisées pour écrire des lettres ou des vers.

À partir de 13-14 heures, les étudiants des deux classes supérieures sont généralement enseignés par le professeur Heinrich Zell. Celui-ci lit avec eux des scènes de Térence ou les grands "Colloques d'Erasme".

Seulement trois heures par semaine sont utilisées pour le grec; une heure est adoptée pour la théorie du chant; une heure spéciale est également consacrée au catéchisme. Le samedi sera une répétition générale du cours appris pendant la semaine.


Schwebel resta deux ans à ce poste, avant la réorganisation des écoles de Strasbourg par les scholarques. C'est ainsi que Schwebel fut professeur au Gymnase de Strasbourg fraichement créé, où il donna successivement les leçons en 8e, 6e et 5e classe, entre 1538 et 1547. Schwebel, qui fut nommé économe et pédagogue au collège des prédicateurs du chapitre de Saint-Thomas en 1547 (aux Dominicains), avait également un vicariat du même chapitre. Pour des raisons de santé il dut renoncer à la charge et fut nommé instituteur à Saint-Thomas en 1553. Vers 1559, il se rend aux thermes de Bad Wildbad (Bade-Wurtemberg) pour se soigner, en compagnie de son épouse et d'un jeune cousin, Michael Schwebel, qui les servait. Il y prit en notes les inscriptions ainsi que le réglement intérieur des thermes, donnant à son voyage une dimension également historique (Archives de Saint-Thomas, AMS).

Johannes SCHWEBEL mourut le 10 avril 1566, en ayant pris une part non négligeable dans la consolidation du système éducatif strasbourgeois en termes pédagogiques, système qui servira de modèle dans toute l'Allemagne protestante et au-delà.


Filiation

Conrad HUBERT

(1507-1577)
Assistant de Martin Bucer.
Théologien, prédicateur, compositeur de cantiques, diacre à St-Thomas, Strasbourg.

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M. Samuel HUBERT

(1542-1619)
Professeur au Gymnase de Strasbourg.

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Samuel HUBERT

(1577-1636)
Homme Politique.
Administrateur de la tuilerie du Rhin, du pont sur le Rhin et du grenier à grains de Strasbourg.

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Descendance à Lembach/Wingen