Généalogie HUBERT

Généalogies

Auteur: Fabien FISCHER
Courriel: fabesf[a]yahoo.fr

Conrad HUBERT (1507-1577)

Conrad (Cunrad, Chonrad, Chunrad) HUBERT, HUBPRECHT, HUMBART, HUMPART, HUMPRECHT, HUNBART, HUNPART, LANIUS, PULBARBE (dérivé de Hun-bart, poule-barbe) PULBARBUS, ORNIPOGON (oiseau à crête)

Théologien de la Réforme, diacre à St-Thomas (Strasbourg), réformateur, prédicateur, compositeur de cantiques, il assiste successivement deux grandes figures de la Réforme : Dr. Johannes OEKOLAMPAD à Bâle (1523-1529) et Dr. Martin BUCER à Strasbourg à partir de 1531, jusqu’à ses derniers jours il édite à titre posthume ses écrits.


Sa vie publique est bien résumée dans la biographie compilée par Jean Rott dans le NDBA (Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne), lequel s'est fortement inspiré de l'énorme travail de T.W. Roehrich, première moitié du 19e siècle. Dans l'ADB (Allgemeinen Deutschen Biographien), sa biographie, écrite en allemand, est en ligne : Biographie de Conrad HUBERT. Les archives du chapitre de St-Thomas, conservées aux Archives municipales de la Ville de Strasbourg, contiennent également une grande masse archivistique concernant Conrad HUBERT, notamment les échanges épistolaires qu'il a eu avec d'éminents intellectuels et réformateurs de son temps. Le travail entrepris ici tente de préciser certains éléments biographiques d'avant son ministère strasbourgeois. Il apporte également de nouveaux éléments inédits, précisant ses états d'âme vers la fin de sa vie, grâce à un texte écrit dans un album amicorum. En outre, cette étude permettra de préciser des éléments d'ordre médical concernant sa femme et son fils, ainsi que des éléments biographiques sur ses descendants demeurant à Strasbourg mais aussi ailleurs. Le sujet sera complété au fil du temps.

Eléments biographiques revisités

Conrad HUBERT est né en 1507 (ist 24 Jahr alt[i] 9.07.1531, aetatis Anno LXVI, autographe 16.07.1574 [ii], Idibus Aprilis 1577 obiit aetatis 70 annorum [iii] 13.04.1577). Natif de Bergzabern (Cunrat Humpart von Berkzabern 19.09.1526, Conrado Hunbart Zaberniensi 13.09.1527, suo Chonrado Lanii Zaberniensi 9.03.1529, Conrado Pulbarbe Zaberniano» 18.02.1530, Tabernamontana, von Bergzabern), il est le fils de Hans HUBERT, un respectable bourgeois de Bergzabern (Dem ersamen und weiszen Martins Hansen, burger zu Bergzabern [iv] 4.02.1530). Martins Hansen pourrait se traduire par « le Jean de Martin » ou encore « le Jean des Martin ». Peut-être que le père de Hans Hubert portait le prénom Martin, ou bien alors le nom de Martin était le sobriquet (Hofname) du clan familial. Son père avait sans doute le métier de boucher, ce qui lui aurait valu le surnom Lanius.

Selon ses propres dires, il aurait d’abord été à l’école à Heidelberg à partir de 1519. Dans un courrier du 17.12.1559, Conrad écrit de Strasbourg à Pantaleon Blasius, surintendant et prédicateur à Heidelberg qu’il a été accueilli il y a 40 ans à Heidelberg: « patrios lares annos abhinc quadraginta circiter studiorum ergo relinquens, Heidelberga primam mihi praebuit hospitum, unde illi non parum me debere fateor ».

Le 16 décembre 1523, à 16 ans donc, on le retrouve mentionné pour la première fois comme serviteur et scribe à Bâle chez le Dr. Johannes Oekolampad, dans un registre de comptabilité indiquant les émoluments de professeur versés à son maître par la faculté de théologie. Le Dr.Oekolampad était l’artisan de la Réforme dans la ville de Bâle. Certains théologiens considèrent Oekolampad comme étant à Ulrich Zwingli ce qu’était Melanchton à Luther : complémentaire.

Il sera encore mentionné dans ce registre par la suite à maintes reprises. Voici la liste exhaustive de ces mentions : « Cunradus, schriber » 16.12.1523, « sin diener cunradus, schriber » 17.02.1524, « sin diener Conradus » 18.05.1524, « sin diener » 21.09.1524, « Conradus, schriber » 14.12.1524, « Conradus, schriber » 8.03.1525, « sin diener » 7.06.1525, « Conrat, schriber » 20.09.1525, « Conrado famulo » 20.12.1525, « Conradus famulus » 21.02.1526, « Cunrado famulo » 23.05.1526, « Cunrat Humpart von Berkzabern» 19.09.1526, « Cunradus, sin diener » 19.12.1526, « Cunrat Humpart, sin jünger » 12.06.1527,« Cunrat Humpart, sin jünger » 18.09.1527, « Cunrat Hunpart » 18.12.1527, « Cunrado, famulo » 04.03.1528,« Conradus Hunbart » 03.06.1528, « Cunradus, sin knecht » 16.09.1528, « Conradus, famulus » 15.12.1528, « Cunrat Hunpart » 19.05.1529.

On note une légère altération dans les mentions de Conrad. En effet ça n’est qu’à partir de 1526 qu’on a la confirmation que c’est bien le Conrad Hubert de Bergzabern. Certains auteurs affirment que ça n’est que cette année-là qu’il entre au service d’Oekolampad. Ce serait oublier qu’il subsiste des mentions similaires sans patronyme par la suite « Conradus famulus ». Il faut simplement y voir qu’en 1526, il a dix-neuf ans, c’est l’année où il entre normalement en première année universitaire afin de préparer son Baccalaureus (licence). C’est notamment à partir de cet instant qu’il commence à devenir adulte et qu’on commence à lui apposer plus régulièrement son nom de famille, tout comme des surnoms en latin d’ailleurs, typique de l’humanisme régnant dans les facultés en ce 16e siècle. Il semblerait donc bien que Conrad Hubert sert Dr. Oekolampad au moins depuis 1523.

Le 14 juillet 1525 Pierre Toussain de Bâle indique dans un courrier adressé à Wilhelm Farel de Strasbourg que Conrad est en voyage pour le compte d’Oekolampad et qu’il attend son retour. « Conradum, Oecolampadii famulum ». On le retrouvera dans ce rôle de messager également par la suite.

Du 23 février 1526 est daté un courrier écrit à Bergzabern par Nicolas Thomae, pasteur de ce lieu, à destination de Conrad. Oecolampad y est confirmé comme précepteur de Conrad « Oecolampadii, tui praeceptoris ».

Le 31 mars 1527, un nouveau courrier de Nicolas THOMAE (« adolescenti Conrado Humbart Zaberniensi, Basilee, doctori Oecolampadio servienti »).

En 1527, nous avons confirmation que Conrad est bien étudiant à la faculté de théologie à Bâle comme l’indique Nicolas Thomae (« Conrado Hunbart Zaberniensi christiani studii Basileensis alumno » 13.09.1527). Malheureusement, son inscription dans les registres matricules de la faculté de théologie et du rectorat de Bâle est introuvable. Ernst STAHELE explique dans son ouvrage qu’il est possible que seuls les étudiants fidèles à la religion romaine se soient inscrits sur la période trouble des années 1520’s.

En 1528, on apprend que Conrad souhaite se détacher progressivement de son travail auprès de son maître. Il brûle de rencontrer Zwingli. En juillet 1528, Oekolampad envoie Conrad à Zürich chez Zwingli pour lui charger de lui transmettre le courrier qu’il a préparé pour Luther et qui doit être imprimé sous la supervision de Zwingli, Pelikan et Leo Jud à Zürich. Dans un courrier daté du 9 juillet, Oekolampad écrit à Zwingli (Conrad arrivera le 10 juillet à Zürich) que ce dernier doit parler à Conrad et le convaincre de rester à son service car il a besoin de lui à Bâle : Conrad peut verbalement rendre compte de ce qu’il fait à Bâle et comment cela se passe à Bâle.

Oekolampad dans un courrier envoyé à Conrad Sam, demeurant à Ulm, un courrier daté du 21 décembre 1528, il loue les qualités de son serviteur et trouve que lors de ses déplacements il comprend tout, tel le maître qu’il sert («ut a magistro, cui servierat, minister meus intellexit »). Faut-il comprendre qu’à cet instant Conrad n’a pas encore atteint le grade universitaire de Magister ? En tous les cas, il aurait donc déjà à ce moment-là les qualités d’un maître.

Le 28 janvier 1529, nouveau courrier de Thomae (« Chunrado Hunbart Zaberniensi, Basilee evangelicarum literarum alumno vigilantis[simo] »).

Le 6 mars 1529, Oekolampad écrit à Capito « Chunradus minister meus isthuc sequenti hebdomada decendet. »

Trois jours plus tard, Thomae encourage Conrad à sortir du service d’Oekolampad. C’est dans ce même courrier qu’on a la confirmation que Conrad suit bien un enseignement universitaire à Bâle artium alumno, que son père avait sans doute la profession de boucher ( suo Chonrado Lanii Zaberniensi, artium alumno vigilantissimo 9.03.1529). Malheureusement, il n’existe aucune preuve de ce fait, les recherches effectués sur les matricules universitaires de Bâle ne mentionne pas d’inscription pour Conrad Hubert [v]. Les années tumultueuses suite à l’introduction de la Réforme dans la ville suisse y étant sans doute pour quelque chose.

Le 1er avril 1529, Conrad se rend à Zürich auprès de Zwingli pour lui indiquer que le Grand Conseil va ratifier ce jour la Reformationsordnung à Bâle. Le petit Conseil entrevoit également l’établissement d’une Université. Conrad doit prendre conseil auprès de Zwingli à ce sujet. Le jour suivant on apprend qu’Oekolampad indique à Zwingli qu’il aurait aimé garder Conrad à Bâle, mais que selon la volonté de Dieu il fallait le laisser s’établir à Bremgarten. Néanmoins, si Bremgarten était déjà occupée, Conrad devait revenir sur Bâle. Conrad finalement n’obtiendra pas le poste à Bremgarten, car en février 1529, Heinrich Bullinger s’est ouvert à la Réforme et c’est à lui que le poste échut dans le courant des mois de mars ou avril 1529. Le bruit qui courrait que Conrad Hubert négociait un poste dans la région de Zürich avec Zwingli, s’amplifiait.

De retour à Bâle, le 19 mai 1529, c’est la dernière mention de Conrad Hubert (« Cunrat Hunpart ») au service d’Oekolampad et celle-ci survient dans le registre de comptabilité.

Le 15 septembre 1529 , il n’est plus au service d’Oekolampad puisqu’il est indiqué sur la même ligne de comptabilité qu’un certain Johann Sichard (« Joanni Sichardo XV lb. XIII s. [à sa gauche:] Cunrat Humpart »). M. Johann Sichard a été recruté par Dr. Bonifacius AMERBACH et enseigne la rhétorique à l’Université de Bâle depuis 1524 . Il serait donc à cet instant au service d’un Magister, peut-être à ce moment-là n’était-il pas lui-même déjà à ce grade de Magister ?

Le 15 décembre 1529 dans la comptabilité, on le trouve au service du Dr. Bonifacius Amerbach, Docteur en droit, Enseigne le droit romain à l’Université de Bâle depuis 1525 et jusqu’en 1529. Ancien recteur de l’université de Bâle (1526).

Le 4 février 1530, Oekolampad écrit un courrier à Martins Hansen Hubert, le père de Conrad, qu’il considère ainsi « mein fruntlichen grusz zu bevor, lieber, gutter freund ». Il lui explique que son fils a quitté son attache il y a quelques mois, qu’il était avide d’étudier ailleurs. Qu’il ne fallait pas lui en vouloir, qu’il est parti avec son consentement, qu’il aurait aimé qu’il reste mais qu’il ne voulait pas non plus empêcher de s’épanouir.


Son autographe dans l'album amicorum



Source : BnF, DĂ©partement des manuscrits, Latin 18597 :
Album amicorum Nic. Engelhardi Argentin., f.28r

Voici les traductions des 4 passages (hébreu, grec, latins) :

Psaume de David 120
Assez longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix

Epître aux hébreux chapitre 12
Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur

Evangile de JĂ©sus-Christ selon Marc chapitre 9
Ayez du sel en vous-mĂŞmes, et vivez en paix entre vous

Extrait du commentaire de Jean Calvin sur l'épitre aux hébreux, chapitre 14
Les hommes sont nés en semblant tous fuir la paix ; ils étudient leurs propres intérêts, cherchent leurs propres chemins, et ne se soucient pas de s’accommoder aux chemins des autres, sauf si nous suivons le travail sans relâche pour la paix, nous ne retiendrons jamais la paix. Pour beaucoup de choses, l'occasion s’offre chaque jour pour des discordes.


Filiation

- Conrad HUBERT (1507-1577), diacre, théologien, hymnologue, éditeur des écrits de Bucer
- Samuel HUBERT(1542-1619), professeur à l'Académie de Strasbourg
- Samuel HUBERT(1577-1636), administrateur-gérant à Strasbourg (de la tuilerie près du Rhin, du pont sur le Rhin, du grenier à grains)
- Marie HUBERT(1600-...), Ă©pouse Georg BRUNN, boulanger Ă  Strasbourg.
- Samuel BRUNN(1625-1686), orfèvre puis messager à la chancellerie de Strasbourg
- Anne Marie BRUNN (1660-1702/), épouse Jean Pierre CRAMER, pasteur originaire de Transsylvanie. Pasteur 1683/1685-1689 à Waldhambach, destitué, 1690-1738 à Langensoultzbach et Froeschwiller.
- Johanna Elisabeth CRAMER (1686-1750), Ă©pouse Joseph Michel VILLHARDT, Stabhalter Ă  Lembach, veuve Ă©pouse en 1724 Jean Martin BEY (1699-1771), forgeron Ă  Lembach
- Martin BEY (1727-1797), laboureur Ă  Lembach
- Susanne Dorothée BEY (1757-/1801), s'établit à Wingen en épousant Jean-Michel SCHWEICKART, maréchal-ferrant à Wingen
- Madeleine SCHWEICKART (1777-1835), Wingen
- Madeleine SAMTMANN (1815-1898), Wingen
- Madeleine FABACHER (1851-...), Wingen
- Madeleine SCHMITT (1877-...), Wingen
- Joséphine BILLMANN (1902-1981), Wingen
- CĂ©cile LAGAS (1930-2005), Wingen

haut



[i] Martin BUCER : courrier Ă  Marguerite BLAURER, de Constance.

[ii] BnF : DĂ©partement des manuscrits, Latin 18597 : Album amicorum Nic. Engelhardi Argentin., f.28r

[iii] AMS – Archives de St-Thomas

[iv] Ernst STAEHELIN : Briefe und akten zum leben Oekolampads: zum vierhundertjährigen jubiläum der Basler reformation herausgegeben von der Theologischen fakultät der Universität Basel : Tome 1, période 1499-1526 (édité 1927) ; Tome 2, période 1527-1593 (édité 1934)

[v] Matrikel Basel, Wackernagel

Filiation

Conrad HUBERT

(1507-1577)
Assistant de Martin Bucer.
Théologien, prĂ©dicateur, compositeur de cantiques, diacre à St-Thomas, Strasbourg.

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M. Samuel HUBERT

(1542-1619)
Professeur au Gymnase de Strasbourg.

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Samuel HUBERT

(1577-1636)
Homme Politique.
Administrateur de la tuilerie du Rhin, du pont sur le Rhin et du grenier Ă  grains de Strasbourg.

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Descendance Ă  Lembach/Wingen